L'enfant et les écrans

L'enfant et les écrans

Face au déploiement des écrans et des outils numériques au sein des familles, les parents ont un rôle fondamental à jouer auprès de leurs enfants pour les aider à développer une utilisation intelligente et réfléchie des technologies à leur disposition. Le rapport des enfants aux écrans est devenu une préoccupation des parents. Voici quelques conseils pratiques pour un usage raisonné des écrans. 


Pourquoi les écrans captent notre attention ?

Les parents remarquent très vite que les écrans amènent les enfants à avoir des réactions extrêmes. Comprendre les raisons de l’intensité de ces réactions permet de mieux réagir. 


Les écrans fournissent un type de stimulations que notre cerveau associe à des informations vitales : lumières, bruits, couleurs, mouvements, évènements soudains qui nous prennent au dépourvu et font donc appel aux réactions primaires du cerveau. Par ailleurs, le cerveau apprécie les tâches d’ordre pratique qui visent la poursuite d’un objectif. Les différents jeux proposés sur tablette, smartphone ou console de jeu proposent des tâches concrètes et un objectif à atteindre sur lequel il faut concentrer ses efforts. Ils offrent donc un stimulus auquel il est difficile de résister. Une fois l’objectif atteint, le cerveau l’enregistre comme une récompense. Il produit alors de la dopamine, substance chimique émise lors des échanges entre les neurones d’un circuit particulier que l'on nomme « circuit du plaisir » ou de la récompense. Il permet d’éprouver du plaisir mais il nous motive pour de nouvelles recherches. 


Les jeux vidéo sont faciles d’utilisation, sans nécessité de lire les règles, divertissants et sans effort physique à fournir. Ils sont accessibles à tous. « Les premiers niveaux sont faciles et courts à passer. Les récompenses sont faciles à obtenir et de manière immédiate ; ce qui incite  toujours à vouloir gagner quelque chose en restant plus longtemps. Il peut alors être frustrant pour un enfant de devoir arrêter alors qu’il a le sentiment de pouvoir devenir plus fort et plus riche ». Extrait du livre « Débranchez vos enfants ! » d’Anne Peymirat. Quant aux réseaux sociaux, ils répondent à un besoin naturel de socialisation. Leurs multiples possibilités rendent les échanges très ludiques et immédiats. 


Conférence TED x (12 mn) : Programme d'éducation à l'attention à l'école 

Prendre conscience de ses habitudes



Recenser le nombre d'écrans à la maison et les utilisateurs

Il est important de quantifier l’exposition directe et l’exposition indirecte lorsque l’enfant regarde par exemple une personne de la famille utiliser un écran. 


Quizz : Quel parent connecté êtes-vous ? Page 41 guide Famille Tout-Ecran. 

Questionnaire : Evaluer le comportement de l’enfant de moins de 6 ans face aux écrans.

 


Repérer ce qui pose problème

Trop de temps au détriment d’autres activités, attitude désagréable au moment de l’arrêt, disputes entre frères et sœurs, souci sur le contenu, tensions et contradictions dans le couple, impuissance à changer les choses, santé de l’enfant… 


Evaluer l'intensité des difficultés rencontrées

« Le tempérament de l’enfant influence son comportement lorsqu’il utilise les écrans. Certains enfants ont un tempérament calme et constant et d’autres sont actifs, impulsifs et ont plus de difficultés à gérer leurs émotions ».
Extrait du livre
« Débranchez vos enfants ! » d’Anne Peymirat. Cette auteure a déterminé plusieurs degrés de difficultés :

  • Aucun souci : l’enfant ne réclame jamais ou presque les écrans, il fait passer ses devoirs et activités avant de les utiliser.
  • Problèmes légers : l’enfant connait les règles mais essaie parfois de les dépasser. Exemple : Il donne son téléphone le soir mais il ne le pose pas de lui-même.
  • Problèmes sérieux : l’enfant essaie souvent de contourner les règles et nécessite une vigilance permanente. Exemple : il envoie des texto pendant le repas, préfère les écrans aux activités extérieures, n’arrive pas à s’occuper sans déranger l’adulte.
  • Problèmes sévères : l’enfant présente des réactions intenses chaque fois qu’on lui demande d’arrêter. Son comportement est ingérable et ne s’apaise qu’avec le recours aux écrans. 


« Les difficultés viennent souvent du fait que les enfants n’ont pas une attitude en phase avec les valeurs et convictions des parents. Pour poser des limites, il est nécessaire de comprendre et d’apprécier ce que l’enfant trouve dans ses activités. 

  • Quel est le tempérament de l’enfant ?
  • Qu’est ce qui l’intéresse particulièrement ?
  • Qu’est ce qui l’attire vers ces contenus ?
  • Quel est le niveau de difficulté ?
  • A quel moment de la journée et de la semaine l’enfant a une utilisation raisonnable ?
  • Qu’est ce que l’on souhaite changer ? »



Quelques conseils d'experts

Collectif CoSE et Michel Desmurget, docteur en neurosciences

Avant 6 ans : Pas d’écran ou 30 mn maximum les jours sans école.

6 /11 ans : 30 mn / jour d’école. 2 heures maximum les jours sans école.

A partir de 11 ans : 1 h / jour d’école si l’adolescent gère bien son quotidien. 


Règle des 4 "pas". Sabine Duflo, psychologue

Pas d'écran le matin.

Pas d'écran pendant les repas.

Pas d'écran le soir avant de s'endormir.

Pas d'écran dans la chambre de l'enfant.

Vidéo de 4 minutes 


Règle des 3-6-9-12. Serge Tisseron, pédopsychiatre.

Avant 3 ans, pas d’écran, y compris la télévision.

Avant 6 ans, pas de console de jeu.

Avant 9 ans, pas d’internet.

Avant 12 ans, pas d’internet seul.

Après 12 ans, autonomie sur internet mais la prudence reste de rigueur. 


Anne Peymirat, coach parental.

Dans la journée, les devoirs et « autres obligations » doivent passer avant le temps d’écran. Lorsque l’enfant a besoin de se détendre avant de faire ses devoirs, lui proposer une autre activité car les écrans ne l’aident pas à se concentrer ni à se détendre. Pas d’écran dès le lever pendant le week-end et les vacances ; cela permet à l’enfant de dormir plus longtemps.

Association nationale pour l’amélioration de la vue (Asnav)

Surveiller la distance – au moins 50 cm – et l’orientation de l’écran – toujours face à l’enfant. Pas de différence de luminosité entre l’écran et la pièce. Eviter les pièces sombres. Instaurer des pauses obligatoires : 20 secondes toutes les 20 minutes, par exemple. Une attention particulière doit être portée aux enfants de moins de 5 ans dont la fonction visuelle est en plein développement. Notre champ visuel s’étend sur 180 degrés à l’état normal alors qu’il est moins sollicité devant les écrans qui n’en stimulent qu’une toute petite partie, entre 10 et 40 degrés, explique le docteur Sylvie Chokron, directrice de recherches au CNRS. Une surconsommation d’écrans provoque de la sécheresse oculaire due à une diminution des clignements des yeux, ainsi qu’une fatigue oculaire, générée par la forte sollicitation des muscles oculaires pour faire des mises au point.


Le temps consacré aux activités physiques doit être équivalent ou supérieur au temps passé sur les écrans.



Définir les règles d'utilisation



Les enfants n’ont pas le recul nécessaire pour mesurer et maîtriser seuls l’usage d’écrans. 


Extraits du livre « Débranchez vos enfants ! » d’Anne Peymirat. « Quand le temps d’écran est acquis, c'est-à-dire que l’enfant peut en faire sans condition, celui-ci le considère comme inchangeable. Si les parents le supprime entièrement ou en partie, cela génère beaucoup de frustration et rend en général l’enfant très contestataire et vindicatif ». « Les règles reflètent les valeurs, exigences et priorités des parents. Il existe des recommandations mais ce qui compte avant tout c’est d’en être convaincu et d’être clair dans leur mise en application ». Les parents doivent aussi suivre certaines règles dans leur propre usage des écrans.


Privilégier une règle claire et partagée par le couple. « Les enfants sont plus respectueux des règles si elles sont partagées. En cas de désaccord au sein du couple, privilégier des compromis à des positions divergentes. Exemple de règles : pas d’écran après 19 heures (plutôt qu’une heure différente tous les jours), pas d’écran le matin (semaine d’école ou de vacances incluses), devoirs avant les écrans (semaine et week-end)… Si les exceptions sont difficiles à gérer pour l’enfant, ne pas en faire. »

Garder les écrans dans les espaces communs afin d’échanger avec les enfants sur le contenu.

Ranger les objets connectés portables dans un panier près de l’entrée ou dans le salon. Cela permet de vérifier que les écrans ne sont pas utilisés en dehors des horaires proposés.


Plus de précisions sur ces règles sur le site IEMP. Institut d’Education Médicale et de Prévention.


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